transe hypnotique – Kevin-Finel.fr http://kevin-finel.fr Le Blog Sat, 27 May 2017 09:19:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7.7 71562892 L’hypnose, pour se libérer de certaines dépendances ? http://kevin-finel.fr/lhypnose-se-liberer-de-certaines-dependances/ http://kevin-finel.fr/lhypnose-se-liberer-de-certaines-dependances/#comments Sat, 20 May 2017 11:35:40 +0000 http://kevin-finel.fr/?p=757   Récemment, a été publiée sur la chaine YouTube de l’Arche une séance d’hypnose tirée d’un cabinet public et dans laquelle je travaillais avec un jeune homme qui désirait stopper sa consommation de cannabis*. J’ai depuis reçu quelques questions intéressantes à ce sujet, notamment de la part de personnes qui souffrent de dépendances à différentes substances comme [...]

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Récemment, a été publiée sur la chaine YouTube de l’Arche une séance d’hypnose tirée d’un cabinet public et dans laquelle je travaillais avec un jeune homme qui désirait stopper sa consommation de cannabis*. J’ai depuis reçu quelques questions intéressantes à ce sujet, notamment de la part de personnes qui souffrent de dépendances à différentes substances comme la morphine, l’alcool, différents types de somnifères ainsi que d’autres drogues plus ou moins douces … 

hypnose et dépendancesAussi, j’ai eu envie de partager quelques réflexions sur ce sujet, d’expliquer les pistes explorées dans cette séance à travers deux cas complémentaires qui me semblent emblématiques de ce type de travail. Je précise ici, fidèle à ma vision de l’hypnose, que je ne considère pas ce travail comme visant à réparer ou à soigner la dépendance. A mon sens, il s’agit d’explorer et possiblement d’aider à libérer en créant de nouvelles options. L’hypnose est avant tout une méthode de pédagogie cognitive, nous permettant de mieux utiliser nos possibilités.

*pour ceux qui le souhaitent, la séance en question est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=nv8SXFvGJlw  

 

Eduquer aux états de conscience

Mon intime conviction est que nous aurions bien moins de problèmes de dépendance et d’addiction dans notre société si nous pouvions inclure dans l’éducation une sensibilisation à l’exploration des états de conscience.

Avez-vous l’impression de pouvoir créer l’état interne dont vous avez besoin à chaque instant ? Savez-vous par exemple vous concentrer quand il le faut ? Vous endormir très rapidement quand vous le décidez ? Vous détendre en cas d’envie ou de besoin ? Changer d’état d’esprit quand quelque chose vous préoccupe ? Déclencher votre créativité ou augmenter votre confiance pour franchir un obstacle ou une épreuve ?

Même si vous répondez positivement à toutes ces questions, vous avez sans doute conscience que ce n’est pas le cas pour une immense majorité d’individus dans notre société. Combien d’enfants rencontrent des problèmes de concentration ? Combien de personnes sont prises par le stress de leur travail même quand elles rentrent chez elles ? Pire encore : si on questionne, par exemple, des personnes qui ont un bon sommeil ou une bonne gestion de leur stress, elles n’ont généralement aucune idée de la façon dont ça fonctionne. Aussi, si un jour quelque chose dérègle leurs bonnes habitudes, elles ignorent comment s’adapter à la situation.

Je ne suis pas partisan d’un total contrôle de soi, ou de l’optimisation permanente que notre société nous vend parfois.  La course à la performance promue par le développement personnel m’a toujours repoussé… Mais ce que j’évoque ici relève d’une simple recherche de liberté : il me semble qu’un être humain devrait pouvoir choisir en toute simplicité l’état interne dans lequel il se trouve. Il devrait être capable de s’adapter en fonction de ses besoins et de la situation rencontrée. Ce que je constate, c’est que peu de personnes savent comment y parvenir.  Dans nos sociétés, si une personne a besoin d’un état qui lui échappe, elle cherchera non pas une solution intérieure mais une solution extérieure : c’est à ça que nous sommes conditionnés et je pense que c’est un terrain propice à la dépendance. Ça commence par un petit somnifère ou un calmant léger après une journée stressante ou avant un événement important par ces pilules qui boostent les capacités des étudiants ou encore un verre de vin pour se détendre ou se sentir plus à l’aise en société… Mais que se passe-t’il quand ces substituts deviennent un peu plus que du confort, quand ils apparaissent comme indispensables ?

se libérer des dépendancesSi nous avions une éducation aux états de conscience, nous serions capables d’analyser l’effet du somnifère, de le modéliser pour ensuite le reproduire et créer plus facilement le sommeil. Dans un tel cas, on se retrouverait dans une étape d’apprentissage normale. Cette forme d’éducation n’existe pas – pas encore ? –  mais l’hypnose rend possible un tel apprentissage.

 

A la recherche de l’état de « flow 

Je me souviens encore des deux expériences qui m’ont mené à réaliser l’étendue de ce potentiel, et qui ont conduit à ce qui est esquissé dans cette vidéo. Je travaillais alors avec un violoniste qui cherchait à atteindre le fameux état de «flow».  Cet état, longuement décrit par la psychologie positive, nommé aussi  « état optimal », peut s’apparenter à un état de forte inspiration, caractérisé par une puissante sensation de fluidité et d’évidence.

Ce musicien, d’une quarantaine d’année, était venu me voir pour tenter d’accéder plus facilement et surtout plus régulièrement à cet état. Comme souvent en hypnose, le travail commence par une collecte d’informations subjectives : je lui posais donc de nombreuses questions afin de l’aider à décrire avec précision l’état recherché. Tout le monde peut bien sur accéder à cet état, mais il semble prendre des caractéristiques uniques pour chaque personne : parfois il est riche de sensations, tandis que pour d’autres il semble être un état dissocié du corps et du ressenti. Il s’accompagne parfois d’un état de fusion avec le monde et l’environnement… et à d’autres moments il donne à ceux qui le vivent l’impression d’être dans une bulle, coupé du reste du monde.

Pour ce musicien, l’état obtenu s’apparentait énormément à ce qui est décrit par les personnes qui prenaient du lsd dans les années 60. J’ai retrouvé depuis, avec d’autres musiciens et artistes en général, des paramètres similaires.  Chose au final peu étonnante quand on sait qu’une grande partie des succès de ces années a été composée dans des états obtenus par ces substances, légales à l’époque…

Lui, le nommait « l’état de grâce » et le vivait sous une forme quasi mystique. Cet état lui arrivait parfois, sans crier gare, à n’importe quel moment de la journée… dans cet état, pour reprendre ses mots, sa musique était inspirée, les sons plus purs et son corps, en jouant, paraissait animé par une force extérieure. Quant à lui, il ressentait un état proche de l’extase.Sous hypnose, nous avons donc passé plusieurs séances pour ouvrir un chemin menant à cet état. J’emploie cette métaphore à dessein : j’avais vraiment l’impression d’avancer avec lui en territoire inconnu, dans la jungle de son inconscient, à chercher la piste menant à un lieu magique mais caché et secret.

La première fois, le «trajet » pris près de 2 heures. Il y avait de nombreuses résistances à dépasser : des croyances limitantes, des peurs du présent et des peurs anciennes…  Apparaissant sous forme d’obstacles ou de véritables monstruosités générés par son inconscient…  Mais une fois arrivé, il devient radicalement différent : apaisé, irradiant d’une joie intense et assez contagieuse.

De mémoire, nous nous vîmes 5 ou 6 fois, et à chaque fois il s’agissait de retourner vers cet endroit, avec plus d’aisance. A chaque séance, sa confiance grandissait, jusqu’au moment où il n’a plus eu besoin de moi pour y retourner. A la dernière séance, il me dit en arrivant qu’il avait pu retrouver cet état plusieurs fois au cours de la semaine écoulée, qu’il y allait désormais instinctivement, mais qu’il en ressortait après pour conserver un rapport normal avec le quotidien : il est vrai que dans cet état il semblait un peu décalé et béat.

Je crois que cette exploration fut aussi marquante pour lui que pour moi : elle m’a ouvert la porte à de nombreuses réflexions et fait avancer sur la quête de ces états de conscience absolus, tels que ceux décrits dans de nombreuses traditions de part de monde.

 

Au-delà de la substance

A la même époque, j’accompagnais avec un écrivain alcoolique. Ecrire sans sa bouteille de rhum était pour lui inimaginable. Tandis qu’il me racontait son addiction et son incapacité à obtenir son état créatif en restant sobre, le lien avec mon musicien est apparu comme une évidence : si j’avais pu aider ce violoniste à se recréer un ressenti digne d’un état de « high », je pouvais bien aider un écrivain à accéder à l’inspiration. La différence, c’est que lui savait trouver son état désiré : sa porte d’entrée personnelle était l’alcool. Pour ma part, j’étais persuadé que les mots feraient un guide tout aussi efficace.

Je prenais des rdv avec lui le matin, seule solution pour l’avoir dans un état de conscience ordinaire et bien entendu je me servais de son imagination, plus développée que la moyenne.J’usais de placebos : nous remplissions un verre d’eau qu’il buvait à petites gorgées en imaginant que c’était son rhum habituel. Dans un léger état d’hypnose, suffisant pour qu’il hallucine l’odeur et le goût de l’alcool, je lui demandais de décrire les effets que ce premier verre devait avoir sur son organisme et ses perceptions.J’attirais son attention sur les sensations de son corps pour amplifier le vécu. Sa mémoire de milles cuites l’aidait à me décrire le processus avec précision. Une heure plus tard, mon bonhomme était passablement soul, avait du mal à articuler et me disait avoir besoin d’une feuille et d’un crayon pour noter les idées qui commençaient à jaillir dans son esprit ouvert ! Je le laissais se concentrer quelques minutes à son art et constatait en effet qu’il semblait à l’aise pour créer dans cet état.

Je l’ai ensuite ramené à son état normal en défaisant ce que nous avions construit.Nous avons alors convenu que cet état pouvait se créer sans alcool. Même pour un écrivain, habitué à flirter avec l’imagination et conscient du pouvoir des mots, l’expérience était troublante. Redevenu sobre, sans effets secondaires, il n’avait qu’une envie : vérifier que ce n’était pas un coup de chance.

Plusieurs séances ont ensuite été nécessaires pour affiner ce travail : comme pour le violoniste, il s’agissait de baliser un chemin, un trajet mental, de l’aider à l’arpenter dans un sens et dans l’autre.Il faut ici prendre en compte un élément important : l’imagination est mouvante. Retrouver un état de conscience précis consiste en quelque sorte à se repérer dans une forêt dans laquelle tout est susceptible de se déplacer, sans logique apparente. Retrouver son chemin n’est pas de tout repos et les points de repère ne sont pas toujours évidents…
Une fois ce travail effectué, nous avions tous les deux envie d’aller un peu plus loin :  si son cerveau pouvait lui faire ressentir cet état, qu’est ce qui nous empêchait maintenant de l’améliorer ? Pourquoi ne pas créer un état qui contient les éléments recherchés dans l’état d’ébriété, en enlevant les aspects désagréables ? Pourquoi ne pas amplifier certaines caractéristiques utiles ? On dit souvent que notre inconscient n’a de limites que celle de notre imagination… alors l’exploration a continué, jusqu’à donner vie à un état bien plus intéressant que celui que le rhum était capable de générer.

Je suis resté en contact assez longtemps avec lui, ayant ensuite reçu plusieurs membres de sa famille en accompagnement. Un jour, il m’a dit avoir presque stoppé sa consommation d’alcool, mais sans l’avoir vraiment recherché : boire un verre dans un cadre amical lui était agréable, mais une fois seul il préférait jouer avec son inconscient par lui-même quand il avait besoin d’écrire ou en cas de stress. Il nommait ça ses « cuites oniriques » et se sentait évidemment en bien meilleure forme physique…

 

Quand l’homme apprivoisera le pouvoir des mots

hypnose et dépendanceJ’ai depuis utilisé cette méthode pour aider de nombreuses personnes. Bien entendu, elle n’est pas toujours suffisante ni efficace à tous les coups. Il faut aussi savoir que dans ces deux exemples, les échanges avec ces personnes incluaient un certain travail sur leur identité ainsi qu’une prise en compte des bénéfices secondaires liés aux problématiques rencontrées. Dans d’autres cas, il est important d’explorer les conséquences systémiques : familiales bien entendu, mais aussi professionnelles, et bien d’autres choses encore…

Mais on peut tirer deux idées de ce travail :

  • La première est qu’en cas d’addiction, l’effet recherché par la substance quelle qu’elle soit, peut être obtenu et amélioré par notre cerveau. Parvenir à ce résultat peut considérablement aider à libérer une personne.
  • La seconde est que dans bien des cas, les substances utilisées – légales ou non – le sont pour atteindre certains états de conscience. Cette recherche est au fond saine et normale chez l’homme…  Mais dans notre société très peu d’occasions permettent de l’effectuer en sécurité et de façon constructive. Si la méditation ou le yoga – et bien sur l’hypnose – commencent à être à la mode, ce n’est toutefois que de façon très limitée dans les applications et dans la recherche… et réservé à une infime part de la population.

Je suis persuadé qu’avec une meilleure pédagogie des états de conscience, les comportements addictifs seraient bien moins fréquents, y compris chez les adolescents. Tout le monde aurait ainsi la possibilité d’explorer de nouvelles possibilités intérieures, de développer régulièrement de nouvelles capacités. Dans les cas exposés ici, il s’agissait de recherches autour de l’inspiration et de la créativité. Dans la séance vidéo le besoin était celui d’un simple -mais important – état de bien-être… Les recherches sont multiples et variées.

Imaginez ce que serait une société où tout le monde est initié à l’exploration des états de conscience et puisse explorer dès le plus jeune âge son immensité inconsciente ?

Kévin FINEL

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Une main se lève…

Elle me parle cette voix. Les mots semblent avoir un poids, une force. Les mots s’infiltrent,  comme s’ils allaient un peu plus loin que des mots ordinaires, comme s’ils voulaient atteindre une part de moi qui n’est pas habituée à être attentive à des mots. Ils me bercent ces mots, et je tangue.

Je me suis posé des questions avant cette séance. Ce sont des questions bien ordinaires, quand on ne sait pas. C’est qu’il n’est pas simple ce mot,  hypnose : il en contient des questions, pour un si petit mot. Elles débordent de lui ces questions, elles l’entourent, elles le rendent difficile à lire. Il est entouré de brouillard ce mot.

lévitation de mainMaintenant, c’est moi qui suis dans le brouillard. Quelque chose m’échappe. Je le sens, mais je ne sais pas le dire avec précision. On dirait l’un de ces moments, le matin, où on connait le rêve que l’on vient de vivre, mais où on ne peut déjà plus le formuler. Vous savez : les mots ne collent plus au rêve, ils glissent, ils se détachent, on les perd…  alors les images s’éloignent et s’effacent. Quand les mots ne peuvent plus atteindre les rêves, les organiser en pensées, ils disparaissent. On s’éveille, et le brouillard avale les rivages du rêve.

Je ne sais pas à quoi je m’attendais au juste. Je m’attendais à quelque chose pourtant en allant faire cette séance. J’ai lui ait dit, à l’hypnotiseur, que je voulais tester, juste tester. Il m’a regardé avec un air entendu. L’air de quelqu’un qui a déjà entendu ça mille fois. Il a été poli : il a fait comme si c’était pour la première fois.

On s’est parlé un peu. On a parlé de moi je crois. Je ne suis pas certain d’avoir vraiment dit quelque chose d’important avec le recul. C’est que c’est quelque chose de parler de soi, comme çà, à un inconnu…  Alors ça a été presque un soulagement quand il m’a demandé de fermer les yeux. Enfin, je crois qu’il me l’a demandé. Ça m’a semblé être la chose à faire, sur le coup, de fermer les yeux. Pour l’écouter, pour me laisser conduire par cette voix, par ses mots.

lévitation de mainEt là, dans ce brouillard, ma main se soulève. C’est une chose étrange qu’une main qui se lève, quand elle le fait toute seule, je peux vous le dire ! D’habitude c’est moi qui la soulève, qui la bouge. Mais là, elle le fait sans moi. Et ce n’est pas un mouvement réflexe. Je sais ce que c’est un mouvement réflexe : on a la sensation que notre corps pense plus vite que nous, qu’il sait ce qu’il a à faire. Je sais aussi que mon corps sait faire des mouvements, comme ceux de la respiration par exemple, pendant que je suis occupé à d’autres choses. Je n’y pense pas à tous ces mouvements. Personne n’y pense : ils sont ordinaires, communs, connus…  Mais là, c’est autre chose. Elle se lève autrement cette main : elle se lève et elle semble avoir quelque chose à faire.  Elle se lève, car les mots, avec tout leur poids, le lui demandent. Cette main, qui m’est si familière, elle bouge par les mots et pas par moi. Son mouvement n’est pas le mien. Et puis – je le sais- je n’aurais pas bougé ma main comme ça moi.

Et, puisque ce n’est pas « je » qui lève la main, c’est qu’il y autre chose en moi que la partie qui dit « je ». Il y autre chose en moi que cette partie qui pense ces mots…  et cet autre chose, là, pendant que j’ai les yeux fermés, est en train de bouger ma main. C’est perturbant, dérangeant, mais je crois que je le savais. Je crois que je m’en souviens.

Est-ce ça l’hypnose ? La découverte de cette autre chose ? La découverte qu’on est plusieurs à l’intérieur ?  Est-ce ça, un hypnotiseur ? Quelqu’un qui sait parler à cette partie de nous ? Qui sait la trouver quand elle est inaccessible pour nous ?

Il dit, l’hypnotiseur, que la main va venir toucher mon visage. Elle l’écoute ! Elle infléchit son mouvement. Elle me semble joyeuse ma main, ce qui est une idée bien étrange quand on y songe. Elle emporte mon bras dans un lent mouvement, et j’ai le temps de le penser venir jusqu’au visage. J’entends la voix, elle dit : « Vous comprenez maintenant que les mots peuvent agir sur vous, sur votre corps, sur votre monde, n’est-ce pas ? Ceci transforme votre réalité ordinaire et le lien que vous entretenez avec elle… alors le doute apparaît…  »

Ce ne sont que des mots, mais ils façonnent ma réalité. Ils agissent, ils remuent. Ils fissurent ce que je croyais être moi, l’unité à laquelle je m’attachais. Cette main, elle touche mon visage. Elle le découvre.  Il y a quelque chose d’incertain en moi. Ce que je suis redevient incertain… et c’est une sensation bien agréable. Que c’est bon de douter, de ne plus être prisonnier de la certitude ! Je pensais être « un ». Mais je suis deux, et sans doute plus encore…

La main touche le visage. Il est étrange ce contact. Est-ce bien moi que je touche ?  Je ne sais pas si l’autre est le visage, ou si l’autre est la main. Je suis l’un ou l’autre, mais je ne sais pas lequel.

Ce geste, si lent, il me raconte quelque chose. Il me parle de toutes les fois où mon corps a tenté de me dire quelque chose. Il me parle de toutes ces parts de moi que j’ai censurées. Il me parle des autres facettes de moi que j’ai oubliées.

La main touche un visage. Ce visage est un masque. La main est une marionnette. Je ne suis ni l’un ni l’autre. Je ne suis pas la partie qui dit «je » : elle n’est qu’une toute petite partie, au fond. Comment ai-je pu croire qu’elle était la totalité ?

Un silence. Intérieur, extérieur. Une sensation de paix.  Je sens que j’apprends et que je change. Un nœud se défait en moi. C’est apaisant. C’était si simple en fait…

Je me souviens maintenant pourquoi je suis venu faire cette séance. Je me souviens de ce que je n’ai pas dit à l’hypnotiseur. Je n’aurais pas pu le dire de toute façon, je ne m’en souvenais pas avant cet instant. Comment ais-je fait pour oublier ?

C’est si simple. Je veux m’en souvenir après cette séance !

La main redescend. Ce mouvement, me semble plus proche. C’est ma main et je me l’approprie à nouveau. Le brouillard se dissipe. Ma main se pose et mon corps se réveille. Ce n’est peut-être pas le bon mot : réveil.

Je remonte. Est-ce bien l’hypnose qui a fait bouger ma main ? Ou ai-je fait semblant ? Il y a quelque chose dont je voulais me souvenir. C’était important non ?

La voix disparaît dans un murmure. Elle était agréable cette voix.

J’ouvre les yeux. Je me sens bien. Je suis là. Ai-je vraiment été hypnotisé ?

C’est étrange : le mot réveil ne me semble pas convenir. J’ai plutôt l’impression, à l’inverse, que c’est maintenant que je m’endors.  J’ai l’impression de retourner dans un vieux songe…

Mais quelque chose a changé. Dans mes pensées, dans mon regard, dans ma respiration, il y a quelque chose de différent.

Et puis d’un coup, dans cette réalité, je me souviens…

 

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