Il y a quelques mois, nous décidions avec Vincent Hurner de proposer un stage intensif, centré sur l’exploration des états de conscience. Celui-ci est né d’une idée qui me tient à cœur depuis de nombreuses années maintenant : recentrer l’hypnose sur ce qu’elle me semble être fondamentalement, une discipline visant à étudier les moyens d’influencer et d’altérer notre état interne, pour nous permettre d’explorer les parties inconscientes de notre être. Ce stage vient d’avoir lieu et quelques jours après il me semble intéressant de partager certaines réflexions à ce sujet…
L’hypnose : une méthode d’exploration personnelle
Souvent, l’hypnose est définie comme une méthode visant à générer du changement. Elle prend aujourd’hui son essor dans des applications de type psychothérapie ou coaching. Si le mot psychothérapie a bien été créé par l’illustre spécialiste de l’hypnose du 19e siècle – H. Bernheim -, et que l’émergence du coaching a fortement été inspirée par les travaux de l’école de Palo Alto et donc de Miton H. Erickson, il me semble pour autant que ces applications ne suffisent pas pour définir l’hypnose.
Le sport peut aider quelqu’un à maigrir ou contribuer à prévenir les maladies cardio-vasculaires… mais ce n’est pas là sa vocation première. De même, l’hypnose peut faire du bien, changer la vie d’une personne… mais il s’agit d’une conséquence et non de sa définition.
L’hypnose me semble être avant tout une voie d’exploration personnelle. Les outils de l’hypnose favorisent une forme de flexibilité mentale susceptible d’amener une personne à sortir de ses états ordinaires, à aller visiter les parts inconscientes et habituellement inaccessibles d’elle-même. Un praticien est une sorte de guide, il sait comment accompagner une personne dans cet immense espace inconnu que nous nommons « inconscient ».
Un tel voyage est une formidable occasion d’apprendre à se connaître, d’explorer son identité et sa construction personnelle, de mettre le mental en sourdine, d’envisager des points de vue nouveaux ou encore de découvrir en nous des possibilités et capacités qui nous échappent dans nos états ordinaires. A mon sens, tout cela va bien au-delà d’un simple travail « thérapeutique ».
Remettre du mouvement…
Dès le début du stage, nous avons proposé aux participants une grille de lecture basée sur deux présupposés :
Le premier est que ce que nous percevons comme notre « état ordinaire » est en fait une simple possibilité de nous-même. Une possibilité que nous avons commencé à construire dès notre petite enfance et qui s’est ensuite plus ou moins figée. Explorer d’autres états de conscience est alors une invitation à remettre notre identité en mouvement, mais aussi à se désidentifier de ce qu’on nomme habituellement « moi ».
Le second présupposé est que nous sommes des êtres multiples. Nous ne montrons souvent qu’une facette de nous-même au monde qui nous entoure, et parfois même nous ne connaissons de nous- même que cette facette à laquelle nous nous identifions. En modifiant nos perceptions subjectives, il est possible de générer d’autres possibilités, d’autres assemblages…
A partir de ces deux présupposés, il s’agissait donc d’explorer ; tous les exercices proposés visaient à fluidifier la subjectivité, à modifier avec de plus en plus d’amplitude l’état de conscience et à proposer de nouvelles identifications pour apprendre à jouer avec elles.
Un voyage dans le voyage
Une première façon de modifier l’état d’être consistait à créer un contexte unique. Nous avions choisi celui d’un Riad à Marrakech. Autre lieu, autre culture, autre ambiance, autres odeurs… Le voyage, parce qu’il change nos habitudes, est déjà une invitation à quitter ses états de conscience ordinaires. On part en voyage pour s’aérer l’esprit, pour s’ouvrir à de nouvelles réflexions, pour se renouveler… Outre le climat clément au mois de mars, le Maroc est le lieu d’une autre culture, d’un autre rythme. Quant au lieu, il était en lui-même une métaphore : un Riad n’a pas de fenêtres ouvertes vers l’extérieur : toutes sont tournées vers l’intérieur…
Un véritable entraînement à la transe
Si la notion d’entrainement à la transe est présente dans les travaux de Milton H. Erickson, elle est malheureusement souvent ignorée depuis. Chose surprenante, les études scientifiques qui s’intéressent à la question de la sensibilité à l’hypnose -à l’hypnotisabilité – ne prennent pas en compte un possible apprentissage de l’état pour les sujets hypnotisés. Il est même convenu que la sensibilité à la transe hypnotique est constante dans le temps pour un individu !
Sans rentrer dans les détails, cela s’explique en partie par l’usage pour ces études de procédés hypnotiques simplistes, conduits par des personnes formées hâtivement à la pratique… C’est un sujet à part entière, que je développerai sans doute dans un prochain article. En attendant, il est évident pour toute personne qui pratique l’hypnose que la sensibilité aux états altérés de conscience peut s’apprendre et se développer, tout comme la sensibilité à la lecture ou à la musique. Je ne parle même pas d’un entrainement particulièrement soutenu : un client qui vit sa 4e ou 5e expérience d’hypnose entre bien plus profondément et rapidement dans l’expérience que lors de sa première tentative !
Nous avions donc mis l’accent sur ce thème : un stage intensif permet un entraînement bien plus poussé que quelques séances individuelles. Plus l’entrainement dure, plus les barrières tombent… plus l’état d’une personne est fluide. C’est ce qui permet de visiter des configurations subjectives nouvelles et surprenantes…
S’échapper du connu…
Une des spécificités de l’Arche en tant qu’école est l’accent mis sur l’étude et l’utilisation de différents « hypnotiques », c’est-à-dire des outils permettant d’altérer l’état de conscience d’une personne.
Les médecins qui se forment à l’hypnose par exemple, apprennent en général une méthode unique pour accompagner leurs patients. Dans le cadre du travail sur la douleur par exemple, il s’agit souvent d’une méthode consistant à créer un effet d’évasion – de dissociation – pour aider une personne à s’éloigner mentalement de son corps. Ce mécanisme va l’amener à ignorer une bonne partie des sensations physiques, ce qui crée une forme d’anesthésie.
Mais l’hypnose moderne a cartographié de nombreuses possibilités, de nombreux « leviers inductifs » visant à obtenir des états de conscience extrêmement variés. Pour se figurer cela, on pourrait s’imaginer 3 zones, comme dans le schéma ci-dessous :
- La première zone est celle de nos états de conscience « connus », ordinaires. Notre état interne est en perpétuel mouvement, influencé par une multitude de facteurs : le contexte, les personnes, nos émotions… mais tant que nous sommes dans cette zone, nous avons l’impression d’être « nous-même ».
- La seconde zone regroupe déjà des états altérés. La fatigue, la concentration, l’alcool ou encore une émotion forte peuvent nous y conduire. Un accompagnement hypnotique aussi. Dans ces états nous ne sommes pas tout à fait nous-même : plus proche de notre monde onirique, de nos émotions et intuitions… Ce sont déjà des états passionnants et parfois surprenants.
- La troisième zone regroupe des états fortement altérés. Ils peuvent être provoqués par des psychédéliques, des méditations profondes… ou par un apprentissage soutenu visant à altérer l’état de conscience. Ces états sont souvent caractérisés par une désidentification du « moi habituel ».
Les frontières ne sont pas figées et aussi clairement définies dans la réalité, comme toute représentation, elle est métaphorique et symbolique, mais elle permet déjà de bien se représenter la façon dont l’hypnose agit :
- Tout outil permettant à une personne de s’éloigner de la « Zone 1 » est un hypnotique.
- Quelle que soit la direction choisie, elle provoquera un état altéré spécifique.
- Plus on s’éloigne du centre, plus l’expérience est intense.
On comprend alors qu’il n’existe pas un état hypnotique unique, mais une multitude, chacun proposant une expérience bien à part !
Dès lors, le but du stage était de proposer des expériences visant à s’éloigner de la Zone 1 et possiblement d’atteindre la Zone 3 de multiples façons. On pourrait se figurer cela comme une tentative d’évasion, préparée méticuleusement et visant à s’échapper de la « prison » que constitue notre zone connue.
Un exemple d’altération de l’état de conscience : l’utilisation de la respiration
Initiation au rêve lucide, visite de sa mythologie personnelle, exploration de la construction identitaire … les expériences furent nombreuses et variées, construites en un immense crescendo. Il serait long de toutes les détailler, mais j’aimerais évoquer ici deux d’entre elles : le travail sur la respiration et l’exploration des résistances personnelles.
Certains lecteurs connaissent peut-être les travaux de Stanislas Grov sur la respiration holotropique, ou ont sans doute entendu parler de Wim Hof, personnage réputé pour son impressionnante résistance au froid – l’un de ses faits d’arme le plus connu fut de gravir l’Everest en short – obtenue grâce à un travail basé sur un profond travail respiratoire.
Nous nous sommes inspirés de ces modèles pour proposer des exercices basés sur des alternances entre suroxygénation, apnée vide et apnée pleine. (Pour les praticiens qui connaissent l’hypnose, on retrouve une variante d’induction par alternance de type « contraction / décontraction »). Un tel exercice mené pendant plusieurs dizaines de minutes génère un état très fortement altéré.
Après un premier entraînement qui permettait de découvrir la méthode – déjà très riche et stimulant – nous avons utilisé cette respiration comme une occasion de plonger dans le ressenti, dans la partie instinctive et dans les mémoires… Il y a une véritable perte de contrôle dans ces états, une perte de contrôle du corps tout d’abord, qui entraîne un « abandon » du mental. C’est aussi une façon de laisser remonter à la surface des instincts, des idées et pensées enfouies… quelque chose de presque animal qui échappe à la logique habituelle.
Si en lui-même il est déjà fort intéressant à découvrir, il a aussi été proposé aux stagiaires de s’en servir pour revivre leur naissance, une façon de revenir au tout début de l’histoire identitaire…
Travail sur la résistance
Pour ce second point, imaginez-vous en train de courir droit devant vous, avec un élastique dans le dos, fixé à votre point de départ… C’est ce que vivent la plupart des personnes qui tentent de modifier leur état de conscience, du moins au début de leur pratique. Elles tentent d’avancer, mais sont comme retenues : quelque chose les empêche d’aller trop loin. Ce quelque chose est constitué d’appréhensions, de peurs, de blocages… Notre culture nous amène à nous identifier à notre personnalité, aussi quand un état nouveau la remet en cause, il est logique que des réactions de défenses inconscientes se manifestent.
Dans les traditions chamaniques, pour remédier à ce problème, il y a le recours à l’utilisation de plantes, de psychotropes qui ne laissent pas le choix à l’explorateur : il se retrouve projeté dans un monde ou son ego ne peut conserver sa forme habituelle. La méthode est efficace, mais radicale… et à mon sens pas toujours adaptée à notre culture occidentale.
L’hypnose et l’auto-hypnose peuvent mener aux mêmes résultats, mais en suivant un chemin ou chaque personne va pouvoir explorer ses résistances, apprendre à les connaître et à les comprendre. C’est une voie de connaissance de soi qui est passionnante et oblige à regarder en soi avec une extrême lucidité. La méthode peut sembler plus douce, mais elle est décapante.
Pour y parvenir, nous avons entraîné pendant plusieurs heures les participants à s’éloigner d’eux-mêmes, toujours dans la même direction. Puis, il s‘agissait à chaque résistance rencontrée d’apprendre à la connaître, dialoguer avec elle pour obtenir la possibilité de passer au-delà, de la traverser et peut-être même de la transformer en alliée. De nombreuses limites furent alors franchies…
Dans notre société déritualisée, l’exploration d’autres états de conscience est un sujet quasi tabou. Le seul état de conscience altéré connu par une majorité de personne est lié à l’alcool, ce qui n’est sans doute pas une invitation à vouloir aller plus loin. La psychologie a associé le plus souvent les états non-ordinaires de conscience à des dysfonctionnements pathologiques, ce qui génère peurs et incompréhensions…
Pourtant, cette exploration me semble répondre à un besoin important et profondément humain. Chaque culture, chaque civilisation a inventé ses propres outils pour partir à la découverte de nos mondes intérieurs, considérant cette quête comme importante, essentielle. Pour répondre à ce besoin, chaque année un nombre croissant d’occidentaux s’envole vers le Pérou ou l’Equateur pour entreprendre des voyages chamaniques… Mais nous disposons en occident avec l’hypnose d’une discipline en plein essors qui permet cette exploration, en phase avec notre culture. Je suis persuadé que l’hypnose va s’imposer dans les prochaines années comme un moyen privilégié de partir à la découverte de soi et de l’infinité de ses états de conscience, de ses configurations subjectives… Le voyage ne fait que commencer.
Adrien says
Merci pour cet article !
J’aurais beaucoup aimé participer. Peut-être le prochain 🙂
L’exploration des états de conscience manque énormément dans notre culture. Elle n’est ni enseignée, ni valorisée, bien au contraire.
Il n’y a que lors de stages de théâtre intensifs que j’ai réellement pu trouver un enthousiasme collectif pour l’exploration d’autres états de conscience. L’exploration pour le plaisir de l’exploration…
Bravo pour cette initiative !
Myriam says
Elle est parfois enseignée …et aussi à l’éducation nationale! Pour permette entre autre d’autoriser à ré associer cognition et émotions.
Noulez says
Merci Kevîn
J’aime à penser que sur l’instant nous ne sommes qu’une possibilité de nous même et que nous soyons en fait une multitude de nous-mêmes…
J’aime l’idée de l’apprentissage à la transe et que l’hypnotibilité s’acquiert avec un entraînement, que certaines personnes ont déjà car fréquemment en contact avec leur imaginaire.
Merci pour cet article qui te ressemble et qui nous amène avec douceur dans ce stage et nourrissant nos esprits … Amenant ainsi à germer en chacun de nous des idées nouvelles ..
Bise
Jacques says
Un prochain stage sur Paris ?
Maryline MB says
Magifique experience , ce lieu, ce groupe , cette intensité et cet esprit de partage! Merci pour ce beau voyage!
jeanPhilippe says
Merci pour cet article Kevin !
A quand la prochaine escapade dans les possibilités du « moi » ?
La bise 🙂
Cathie says
Et le voyage continue. La simple lecture de cet article me ramène quelques semaines en arrière et ranime en moi, outre les doux souvenirs d’exploration intérieure, des moments exceptionnels qui resteront longtemps gravés dans ma mémoire. Merci, Kevin !
Zegnani Elisabeth says
Je crois que pour moi ce type de voyage c’est allé jusqu’a ne plus sentir être collé par ce que j’ai su et crû être autrefois et revenir ou continuer en sachant autre chose et croyant être autrement…Mais en écrivant cela je me défini être quoi ou qui ? Est ce important en fait je ne crois pas non. C’est juste je pense sociétale de définir son soi…le je suis ,tu es , nous sommes etc ne seraor il pas encore des masques ?💇♀️
legiardi blandine says
superbe témoignage qui me donne l’envie de voyager toujours plus loin au cœur de cette connaissance de ces autres moi !
Julie says
Je suis en zone 2 !
Thom says
Merci pour le partage de ces réflexions qui me sont très stimulantes.
Jose says
invitation au voyage…Et si l hypnose c etait perdue et quelque peut endormie a trop servir les interets unidirectionnel… meme au service du changement celle si n est finalement oriente «que »solution….Qu une seule etoile ?!?…Milton lui meme ne sait jamais laisser enferme dans une seule direction et sans perdre la bousole ni renier le sextemps…et si toute les direction etait a notre service pour servir a notre tour…retrouver son lit originel qui nous unie a 2 grande mamelle de l evolution…la selection et la mutation ne serait elle pas l adn de l hypnose qui avec son trezor d outil d adaptation nous relie entre veille et sommeil paradoxale…Vue du ciel cette passerelle de l evolution dont nous avont herite au meme titre que la plus part des mammifere superieur..ne serait elle pas cet outils de la vie pour la vie…cette arche qui redonne a l imiginaire la mission de creer les realite et pour cela… re-creer des rituels…des multiples porte entre chaque espace chaque monde…architecte batisseur ou simple passeur de reves a la realite et… comme un vol de nuit au desus des desert il est plus facile depuis le ciel de retrouver le lit de chaque riviere perdue…comme toutes ses silouettes perdues qui erent a la recherche de,solutions alors que….sans le savoir elles marches sur leur lits a quelques metre sous leur pieds ..et merci a ceux qui nous rappel que nos pied on des oreillesc et retrouver son lit est peut etre le premier delits a transgresse a nos habitudes parfois si terne et si …moderne…et comme le disait disait le si bien le petit prince…«Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète…»
a++ jose
Gaudin says
Bravo Kevin,
Avec cet article, tu m as fait rêver.
Avec l envie de participer un jour à un tel stage….
Merci pour ton travail et tes partages.
Muriel
FAILLU says
Merci Kévin pour ce rappel des infinis possibilités 🙂
Radigois Marie-Annick says
« Initiation au rêve lucide, visite de sa mythologie personnelle,……. les expériences furent nombreuses et variées, construites en un immense crescendo…. »
Tout au long de cette lecture super intéressante dont je vous remercie, Kévin …
j’ ai remplacé hypnose par rêve lucide :
« Je suis persuadé que l’hypnose va s’imposer dans les prochaines années comme un moyen privilégié de partir à la découverte de soi et de l’infinité de ses états de conscience, de ses configurations subjectives… Le voyage ne fait que commencer. »
Idem pour le Rêve Lucide avec en plus, certes une grosse marche supplémentaire de retard ….une énorme marche supplémentaire dans la difficulté mais quelle richesse …!
On y arrivera aussi … de la même façon …
J’en rêve … j’y travaille … j’aimerai un stage …
Véro D. says
Passionnant, tellement tentant et enthousiasmant !
Vivement intéressée 🙂
Bise !
Brigitte Riglet says
Merci Kevin,
Bel article, qui me conforte dans l’idée que je suis au bon endroit à l’Arche pour explorer …. pour apprendre.
J’ai assisté à une conférence de Corine Sonbrum, le son du tambour est aussi un outil puissant pour la transe, toi qui est un explorateur as-tu essayé ?
A bientôt
Guy Capra says
Je viens enfin de lire ton article – ne pouvant pas partir avec toi pour le prochain stage ‘psychonautique’ en Écosse et ne pouvant très probablement pas en faire un autre avant longtemps j’évitais de trop me tenter.
Mais la curiosité fut la plus forte, et bien m’en a pris !
En effet, je m’aperçois avec bonheur combien je suis en accord avec ta démarche d’ouverture et de découvertes, ce qui m’incite encore davantage à te suivre avec enthousiasme dans ton programme en ligne de « psychonautisme » collectif 🙂
Tu es un innovateur Kevin, et par ton travail tu vas ouvrir des portes pour le bonheur de tous, c’est sûr.